D’où vient le poivre ? Quelle est son origine et son histoire ?

Le poivre figure comme l’une des épices les plus utilisées dans la cuisine française. Apprécié comme condiment et en cuisine, il continue d’être utilisé de multiples façons par les chefs professionnels. La popularité croissante des moulins à poivre permet aux cuisiniers amateurs de profiter de cette épice essentielle de différentes manières : fraîchement moulu sur les salades et les légumes cuits, ou ajouté aux soupes, sauces et plats de viande pour une touche originale.

Malgré sa popularité, beaucoup de personnes ignorent son histoire intrigante. Mais alors, d’où provient le poivre ? Quelle est son histoire ? Comment est-il cultivé et transformé ? C’est ce que vous allez découvrir dans cet article.

Découvert 1000 ans avant J.C par Alexandre le Grand (ancien roi de Macédoine), le poivre trouve son origine dans le Sud-Ouest de l’Inde, dans la région du Kerala, proche du célèbre fleuve nommé l’Indus. Surnommé « le Roi des épices » par le romain Apicius dans l’un de ses ouvrages, le poivre gardera cette appellation à travers le temps.

Le poivre peut être obtenu en variétés blanches, rouges, grises, noires et vertes. Les plus connus sont le poivre blanc, le poivre noir et le poivre vert. Ces types de poivre proviennent des baies de différentes espèces de poivriers (plantes appartenant à la famille des pipéracées). Anciennement confondu avec le poivrier long, le poivrier noir se distingue finalement lors de la découverte des piments, qui une fois séchés, ressemblent fortement au poivrier long avec une cultivation plus facile en Europe.

Les épices sont un moyen courant d’ajouter de la saveur ou du parfum aux aliments ou à d’autres produits. Au Moyen Âge, les épices étaient utilisées à cette fin et étaient rares. La conquête d’Alexandrie en 642 par les Arabes a marqué le début de leur commerce. C’est pourquoi les épices les plus rares à l’époque, comme le poivre, étaient utilisées comme monnaie d’échange, d’où l’expression « payer en espèce » qui provient de la plus ancienne « payer en épice ».

Les principales exportations de poivre reliaient l’Inde à Venise, ce qui faisait de l’Italie le monopole du commerce des épices en Europe. Mais cela était sans compter sur le navigateur portugais Vasco de Gama, qui en 1492 (fin du Moyen-Âge), va atteindre l’Inde en contournant l’Afrique. C’est ainsi qu’il crée la fameuse et actuelle « route des épices » et transforme le Portugal comme la première puissance du commerce des épices (2000 tonnes par an selon certains historiens), créant le début d’une rivalité sans merci entre les portugais et les italiens.

Cette concurrence féroce s’explique par le prix élevé du poivre, qui à l’époque était considéré comme un marqueur social. Ce prix était dû aux longues distances parcourues par l’épice pour atteindre les marchés européens. Seule la classe haute pouvait en bénéficier. D’ailleurs, l’histoire raconte qu’à la prise de la ville de Césarée par les croisés, ces derniers auraient bénéficié d’un kilo de poivre.

50 ans après le monopole portugais, les commerçants arabes et vénitiens ont commencé à s’approprier une partie des ventes, notamment au profit de l’Angleterre et des Hollandais. C’est ainsi qu’au 17ème siècle, l’Europe entière s’approprie l’épice tant convoitée. Engendrant la baisse de son prix, la démocratisation de sa consommation, et son intégration dans la gastronomie européenne. Le roi des épices est aujourd’hui le troisième aliment le plus consommé dans le monde.

En plus de ses qualités gastronomiques, le poivre possède également plusieurs vertus médicinales. Tout d’abord, il favorise la digestion grâce à la pipérine qu’il contient et qui donne cet aspect piquant au poivre. Cette molécule stimule aussi les glandes digestives. Son autre particularité est qu’il agit comme un véritable anti-bactérien permettant de lutter contre certaines maladies.

Selon l’origine de la baie, on distingue le « vrai » poivre du faux. Cette distinction est en réalité peu connue, mais pourtant réelle.
Est considéré comme vrai poivre, les baies issues du poivrier noir, c’est-à-dire, le piper nigrum, le piper cubeba et le piper longum.
À l’inverse, est considéré comme faux poivre les baies issues du poivrier long ou des piments similaires. Ainsi, le poivre de Cayenne, le poivre de Bourbon et le poivre de la Réunion sont considérés comme des faux poivres.